Extra

Lors de sa sortie, le recit était accompagné de poèmes et de dessins rédigés et esquissés durant le voyage. C'était une manière pour moi de raconter mon histoire depuis un autre angle de vue, plus émotionnel, plus impulsif, plus véridique. Depuis cette page, vous pourrez donc prendre connaissance de ces proses et de ces croquis.

Dessins

L'ensemble du récit est accompagné d'environ 80 dessins des les 130 qui furent esquissés durant le périple. Je vous présente ici une belle selection de ceux qui furent publiés comme non publiés.

Dessins du livre Autres dessins

Poèmes

Durant le périple, il m'est arrivé de rédiger quelques poèmes qui se contentaient de relater se qui trottait dans ma pauvre petite tête. Parmi ces derniers, deux traitent de l'auto-stop, et de sa dure loi; trois parlent de ce tourisme dont je souhaite l'abolition; et les autres qui ne sont que pur délire.

Ces poèmes sont présents dans le l'édition finale, et ils sont accompagnés d'un succinct commentaire qui figure sur les pages du livre.


J'ai dormi avec Cristian dans sa tente sur un terrain vague de Puerto Aysen. En cette matinée brumeuse, je le quitte, et c'est un autre Cristian qui me conduit jusqu'à Coyahique, exposé à un ensoleillement total. En chemin, on s'arrête au Sanctuaire San Sebastian: l'ami souhaite faire une prière. Ce texte me viendra à l'esprit le soir même, sur le ferry qui fait route pour Chile Chico. Je vous rassure, tout est dans la rime.

J'fais ma prière
Au sanctuaire
Où je vénère
Le Dieu mon père
Pour qu'il aille se faire
Voire par derrière
Puisque hier
Fut un calvaire,
Vaut mieux se taire
C'est ce que je préfère


Après une courte nuit passée près de la station-service de Fitz Roy, c'est vers 6h30 du matin que je commence à stopper, je serai pris vers 18h30. Une journée horrible, passé à attendre sous le vent violent de Patagonie, et une haine grandissante, non pas envers "l'humanité", mais envers ces Argentins!! Vers 16h00, j'étais dans un état quasi comateux, et lorsque le type s'est arrêté, j'ai failli m'écrouler par terre.

Après avoir effectué des kilomètres paraissant éternels,
Les épaules souffrantes par cette masse essentielle,
Les pieds usés par cette marche intemporelle,
Le cerveau vidé par ce destin solennel,
Le pouce lacé par son action informelle.
Et que de bolides structures
Défiants le bitume à toute allure,
Aux chauffeurs immuablement fiers de cette monture
Ne donnant pour preuve de leur vitesse actuelle
De vulgaires excuses gestuelles,
De vulgaires justifications directionnelles,
Ou plus vulgairement, une ignorance divinatoire
Qui, en sens inverse fait contradictoire,
Se résume par un geste de sympathie notoire.
À ces instants précis qui ne cessent,
La haine englobe alors toute une espèce:
L'Humanité dans toute son espèce.
Mais quand la lumière rouge écarlate
Illumine harmonieusement l'asphalte,
Fait tellement rare qu'il nous épate,
La rage haineuse sue citée
Disparaît alors avec onctuosité,
Par le constat qu'un être de bonté,
À la charitable générosité,
Puisse sur cette route exister.

Fitz Roy, ARGENTINE, le 15 janvier 2000 vers 11 heures du matin.
À cette heure précise, je ne pensais pas que mon attente sur le bord de la route serait de 12 heures. Ma journée la plus terrible d'Auto-stoppeur


Jeudi 20 janvier, je suis à Punta Arenas sur les rives du détroit de Magellan. Le vent souffle toujours violemment, je décide de me réfugier à l'église et m'assoupis sur un banc pendant la messe. À mon réveil, une charmante femme vient m'offrir tout un tas d'aliments. Je rédige ce texte sur la place centrale, alors toujours éventée, juste après la sortie de l'église, pour ne rien oublier. Et encore, merci à tous ces pieux.

J'squatte la maison de Dieu,
En athée consciencieux.
On m'offre mille pesos
Et quelques p'tits gâteaux,
Un litron de lait
Et un bon p'tit beignet,
3, 4, 5 bonbons
Mon Dieu que c'est bon,
Rajoutes-y des friandises
Q'j’accepte avec gourmandise.
J'remercie tous ces pieux
En athée consciencieux.


Toujours sur la pointe sud du Continent, en plein été austral, les touristes européens affluent, et le dégoût m'envahit. Je ne côtoie que quelques-uns de ces voyageurs friqués, mais cela est suffisant pour que je ponde ce texte qui résume parfaitement leur manière de voyager, une manière qui diffère tellement de la mienne: eux ne prennent pas le temps.
Pour l'abolition définitive du tourisme..... Acte 1

J'arrive heureux à Jainero
Où je me déguise en p'tit Pierrot,
Après cette inoubliable fête,
Je monte dans un sept 37,
Il y a du cuir à l'intérieur,
J'aurais moins mal au postérieur.
Arrivé à Buenos Aires,
J'ai toujours mal aux fesses,
Une bonne idée et la voilà,
Direction Ushuaia.
Je survole alors la Patagonie
Comme un joli petit colibri,
La fin du Monde je la veux,
Me voici en Terre de Feu.
De cet endroit a Punta Arena,
Il n'y a qu'un trait et il est droit,
Mais très vite je m'empresse
De me rendre à Puerto Natales.
Petites excursions méga-touristiques,
Que le paysage est fantastique,
Ça se finira dans un gros cargo
Pour la ville de Santiago.
Je vais au resto manger typique,
Au mon Dieu que cela pique.
C'est juré dès Domingo,
Je me coltine du Mc Do.
Après la visite de la capitale,
Je prends un bus pour Chanaral,
Coquimbo est une région rare
Que j'admire de tout mon regard.
Est-ce que j'vais un peu plus haut?
Oh! malheur, qu'il fait chaud.
Je ne traverserai pas l'Atacama,
C'est du direct pour Cordoba.
Je vais très vite à l'hôtel Plaza
Me taper une petite fiesta,
Soirée bières et gros cigares,
C'est comme les samedis chez Bernard.
On me dit que je serai à l'aise
Si je prends le bus San Fernandez,
Je me rends donc à Potosi,
Et mes amis y vont aussi.
Pour continuer jusqu'à La Paz,
Je prends un jet qu'est c'qu'il est nase.
Depuis le centre de la ville,
Je peux admirer les bidonvilles.
Je traverse le lac Titicaca
Pour visiter les ruines Incas,
Je côtoie tout un tas de gens,
Européens essentiellement.
Je suis la route pour Ayacucho
Où je m'achèterai un joli poncho
Et en cadeaux des objets d'arts
Que je paierai avec des dollars.
Mais il faut une fin et la voilà,
Elle se fera sur les bords de Lima,
J'm'incruste alors dans un Jumbo Jet
Pour effectuer mon retour direct.


Nous sommes le mercredi 9 février 2000, je quitte tranquillement la ville plutôt plate de Sarmiento. Je marche le long des marécages et je m'éclate de rire tout seul. Je repense à un comique français, Fernand Rénaud, et à son squech sur le "pauvre paysan", et cela me fait rire. Son refrain "Ç'a eu payé" me revient à l'esprit et je le revois en train de monologuer sur scène. Je pense alors à un refrain du même genre, mais plus personnel: "J'ai eu haie". Et par le plus beau des hasards, apparaissent quatre lettres. Je commence, tout en marchand, à élaborer un texte sur ce que je haïssais dans le passé, mais depuis que je vagabonde ici, je me fous de tout, donc je n'éprouve plus de haine pour ces choses finalement infimes. J'imagine les rimes et n'oublie pas d'en prendre quelques notes. Le lendemain, je viens de me taper plus de 700 kilomètres depuis Sarmiento, et je me retrouve assez proche de la côte Atlantique dans le village de Dolavon. C'est dans le petit bar de la station de bus que je me réfugie de la pluie, et c'est ici où je mets au propre ce texte tant réfléchi. À la fin de son élaboration, je fais un dessin (page suivante), un pur délire sur cette haine qui finalement ne peut se dissiper: alors, J'ai eu haie???

GUAI: quatre lettres pour me mettre en tête la quête de la Planète
C'est ma conquête de tous ces cons qui guettent en vue de sa perte.
Alerte! sur ceux qui s'immiscent et s'unissent ça pu la pisse,
Alors PEACE, un peu de place a ceux d'en face c'est ça la classe.
Mais ces rapaces effacent cette farce et la refoulent
Telle une boule d'un jeu de quilles, des billes, des boules.
De Bill à Bill débile je perds la boule,
Ceux qui nous roulent déboulent ça m'fout les boules.
Je soupire sur le pire de leur refus de partir,
J'ai haie tous ces satyres de martyres
Ou je devrais dire...... GUAI.

Ç'a eu payé! disait le roi des Co-Mickey,
Demain ce sera ce rat ce Roi des gros tickets.
De mes nasales, je sens la monnaie sale qui dévale
Que l'on ravale puis lave en l'aval sur la vallée de l'Helvia.
Ça va! le dictateur est à la hauteur il n'est pas con,
Compagnie fiduciaire fût sa compagne d'hier,
Et après la prière, le Monarque nargue et largue son argot:
Narco- Militaro- Pétro- and Co
Coco, écoute les causes des cries cuisants de tous ces enfants,
J'ai haie tous ces démons du F.M.I.
Mais c'est clair aussi...... GUAI.

La revue? L'as tu vue, l'as-tu lue, l'as-tu revue.
J'mets en revue tous ceux qui se ruent vers ce rêve de média-
Tic! j'astique tous ces loustics, qui du politique au médiatique
S'excitent et grognent de leurs crocs une propa-gun.
Ma craie sonne ma rogne sur la Cresson,
Qui ferait mieux de rimer sur ses comparaisons.
C'est ni bon, c'est ni con, mais bon c'est con, c'est nippon;
De fausses raisons pour en dicter de faux dictons.
Donc je monte le ton car mon cortex corrompt le faux comme il faut,
J'ai haie tous ces intox de l'info
Disons plutôt...... GUAI

GUAI: quatre mots qui m'équivaut au barbeau de l'impro,
J'suis au niveau du vautour et ça me vaut le tour du Globe,
Qui me gobe comme un globule qui m'englobe
Haine du global, pour la fierté du local. Alors
Look mon lob, je suis le colibri de la critique,
Je débite sur mes débris de bristol l'errance
Dont la cadence influence mon abondance de tolérance. Sonne
Mon cerveau foisonne de neurones qui bouillonnent
La haine résonne, mais je pardonne ceux qui déconnent.
GUAI tous ces cons que j'ai haie
Mais bon...... j'ai eu haie.


Je me trouve près de la sublime route des sept lacs, dans une petite bâtisse, entourés d'évangélistes dont Jose, un Cubain d'une extrême gentillesse. Le soir venu, un silence règne, je profite du calme pour écrire ce poème. Le jeu de mot de la fin date de longtemps, mais je n'avais jamais su comment l'amener, c'est chose faite. Et encore, merci aux évangélistes.....

Quelques lignes non affines
Qui s'animent et s'agglutinent
En sublimes amorphines
Et définit mes Malvines.
Car telle est faite ma Mine.

De ma Mine je décline
Quelques rimes d'un air clean
Qui confirme ce que j'affirme
Des comptines assourdines
Et définit mes déprimes.
Car telle est faite ma Mine.

De ma Mine, mais quelle Mine
Bonne Mine ou mauvaise Mine
Je dévoisine toutes ces racines
Pour une platine qui sonne Latine
Où l'on m'incline cette preguntine:
Mais qui est, en fait, ta Mine?


Quand rien ne va, rien ne va. C'est cependant une R12 qui va me sortir de toutes ces attentes. Ceci dit, la 504 est peut-être la voiture la plus fréquente d'Argentine et jamais je ne serai monté à bord.
Le 18 juin 2000: de quoi se mettre une balle dans la tête!

Un type en BM,
C'est comme Menem.
Un mec en Peugeot,
Gros nigaud.
S'il roule en 504,
Vaux pas une patate.
Il s'pointe en Merc,
Laisse...
Les gars en R12,
Me foutent le blouse.
Et les routiers,
Que des enculés.
Fort heureusement,
Des gens plus cléments,
Quand vient un Pick-up,
C'est du get up.


Le 18 juillet, je suis à Uyuni, le lieu touristique le plus coté de Bolivie. En cette période d'été boréal, les touristes se sont donnés rendez-vous; conclusion: il est impossible d'avoir une relation simple avec la population. À Uyuni, il suffit de converser avec un bolivien pour qu'il interprète nos requêtes comme une demande de service: plus de conversation possible, le tourisme engendrant une pollution mentale.
Pour l'abolition définitive du tourisme..... Acte 2

Uyuni avec un "U"
Comme uluberlu!
Tout un tas de gringos,
Ça put le blaireau.
Ils ont une gueule d'aventurier
Rajoutes-y pas mal de blé.
On pourrait croire à des alpinistes
Alors qu'il devrait être andiniste.
Avec leur sac de trente kilos,
On dirait des escargots.
Leur bave me fait vomir,
Vivement que je me tire.
Eux se tirent en jeep tour,
Périple qui dure juste 4 jours,
Ils en prennent plein la gueule,
Normal c'est ce qu'ils veulent.
Ne côtoient que des pro-touristiques
Qui maîtrisent leur art linguistique.
Bref ils bousillent l'environnement
Où tout devrait aller simplement.
Mais heureusement, la vue des lagunes
Ne dure pas plus d'une lune,
Ils se tirent avec le train express
Ils auront bien moins de stress.


Un moment que j'appréhendais, me voilà à Cusco. C'est dans un resto japonais, à l'ambiance adéquate, que je me laisse aller à la prose et à l'esquisse. L'ancienne capitale Inca n'est réservée qu'à des nantis provenant d'un monde d'opulence. Le touriste, de par ses excursions au prosaïsme discutable, ne fait qu'enrichir les grandes institutions, voir le gouvernement; le peuple, lui, ramasse les pourboires.
Pour l'abolition définitive du tourisme..... Acte 3

Mille cinq cent trente et un,
L'Empire Inca est à sa fin,
Mais un nouvel empire est en formation:
Celui de l'Incapitalisation.
Beaucoup de blancs sur le trottoir,
Mais que sont-ils venus voir:
Les vestiges d'une Antiquité
Qu'ils examinent grâce à quelques liquidités,
Des temples du roi Solaire
Qui apprécie beaucoup le roi dollar.
MACHUPICHU rit,
Mate sous pis sourit.
Cuzco, capitale des merveilles
Qui vénère le Dieu Oseille,
Et toutes ces croûtes qui s'agglutinent,
Ça ne paie vraiment pas bonne mine.
C'est donc avec toute ma raison
Que j'opte à prendre la décision
De boycotter sans discussion
Cuzco fruit de l'Incapitalisation.


ANTHOLOGIE: POUR LA MÉMOIRE

Durant le périple, tous les 2 de chaque mois, je prenais mon visage en photo afin d'avoir un suivi de son évolution (j'ai très peu croisé de miroir durant cette année). Sur le carnet qui me servait à noter les références de chacune de mes images, j'y mentionnais alors: "Ma gueule après un mois de... "; "Ma gueule après deux mois de... ", "Ma gueule après six mois de... " etc... etc…
J'ai repris toutes ses formules afin d'en élaborer un texte qui résume mon histoire dans sa plus grande globalité. Parmi toutes les mentions qui qualifient les différents mois, seules deux étaient prématurées: le neuvième de la gestation artistique, et le douzième fort sympathicomimétique!! Les autres étaient fonction de ce qui se passait durant le mois écoulé.

Une Cordillère dans toute sa beauté,
Un lac dans toute sa sérénité,
Mais un pouce toujours en inactivité.
C'est ce que retient mon manque d'expérimentation
Après un mois de préparation.

Des lèvres complètement déchiquetées,
Un désert entier à affronter,
Une chiasse d'enfer à évacuer.
C'est ce que retient mon épiderme extérieur
Après deux mois de labeur.

Des nuits glaciales à supporter,
Une fin du Monde à visiter,
Et la rencontre de tant d'amitiés.
C'est ce que retient ma voûte encéphalique
Après trois mois cryogéniques.

Une Patagonie à traverser,
Quelques lobos à photographier,
Des hippies de proximité.
C'est ce que retient ma mem'
Après quatre mois de ventilation extrême.

De Bariloche lieu à squatter,
À Talca lieu à méditer,
Des volcans toujours en activités.
C'est ce que retient ma surcharge de patience
Après cinq mois de souffrance espérance.

Un endroit magique plein de tranquillité,
Une équipe comique pleine de spontanéité,
Et une nostalgie à jamais effacée.
C'est ce que retient l'ensemble de ma vision
Après six mois d'Araucanisation.

Un Manu toujours aussi survolté,
Des bains qui virent plutôt dans la ferruginosité,
Des wagons que l'on finit par accepter.
C'est ce que retient mon sens du spiritisme
Après sept mois de clandestinisme

Un fils de Dieux dans toute sa vérité,
Des cataractes de virtuosité,
Un chemin de fer d'ingéniosité.
C'est ce que retient ma chevelure de corsaire
Après huit mois d'excroissance capillaire.

Une Argentine impérialement clôturée,
Un salar de planéité,
Des pieds, mais alors vraiment éclatés.
C'est ce que retient mon index qui fait clic
Après neuf mois de gestation artistique.

La Paz, merveille de l'Humanité?
Un lac partiellement retrouvé,
Des ruines volontairement boycottées.
C'est ce que retient mon âme de déontologiste
Après dix mois à jouer l'andiniste.

Une Cordillère prématurément terminée,
Une chaleur prématurément retrouvée,
Des terroristes plutôt énervés.
C'est ce que retient mon artefact anormal
Après onze mois de mise en forme tropicale.

Plus d'émotion graphique à capter,
Une Amazonie de virtualité,
Pour Ariane je me contenterai de la télé.
C'est ce que retient mon circuit synaptique
Après douze mois sympathicomimétiques.

Sept pays traversés,
Trois cent trente et un lieux contemplés,
Neuf cent dix-sept personnes côtoyées,
Quatre mille quatre cent quarante-deux photos obturées,
Trente-quatre mille trois cent soixante kilomètres effectués,
deux mille cinq cent trente-sept fois le pouce levé,
trois cent soixante-quinze fois avec efficacité.
C'est ce que retient mon électroencéphalo
Après trois cent trente-huit jours de pure Antholo....... gie